L'Europe francophone face Ă la reconnaissance faciale
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- Avenir rĂ©glementĂ©: La reconnaissance faciale est au cĹ“ur des dĂ©bats en Europe, mais plutĂ´t que de l’interdire, les dĂ©putĂ©s prĂ©fèrent une approche modĂ©rĂ©e pour Ă©quilibrer ses avantages et ses risques.
- Adaptation nationale variĂ©e: Chaque pays europĂ©en cherche Ă intĂ©grer la reconnaissance faciale dans son cadre national, mais les approches diffèrent selon les prĂ©occupations locales et les directives de l’UE.
- AI Act: L’adoption de l’AI Act par l’UE vise Ă rĂ©glementer la reconnaissance faciale pour protĂ©ger les droits individuels, marquant un tournant dans sa rĂ©gulation.
- DĂ©bats continus: MalgrĂ© les rĂ©glementations en cours, l’avenir de la reconnaissance faciale en Europe reste incertain, avec des discussions en cours pour Ă©quilibrer sĂ©curitĂ©, commoditĂ© et protection de la vie privĂ©e.
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La reconnaissance faciale est dĂ©sormais au centre des discussions. Face Ă la tentation initiale d’interdire cette technologie avancĂ©e, les dĂ©putĂ©s europĂ©ens ont prĂ©fĂ©rĂ© adopter une approche d’utilisation modĂ©rĂ©e, reconnaissant ses multiples bĂ©nĂ©fices lorsqu’employĂ©e judicieusement.
Toutefois, l’adaptation Ă cette technologie varie significativement d’un pays europĂ©en Ă l’autre, chacun cherchant Ă l’intĂ©grer harmonieusement dans son cadre national, tout en restant attentif aux directives du Parlement europĂ©en.
Cet article se propose d’examiner les stratĂ©gies envisagĂ©es par l’Europe francophone pour incorporer la reconnaissance faciale dans leur sociĂ©tĂ©.
- Quels peuvent-être les excès de la reconnaissance faciale?
- L’AI Act instaurĂ© par le Parlement EuropĂ©en
- La France légifère pour des notions de sécurité intérieure
- Belgique: Alexander De Croo n’y est pas opposĂ©
- Suisse: Fedpol prĂ©voit d’amĂ©liorer son système de sĂ©curitĂ©
- Luxembourg: L’aĂ©roport national Findel Ă la pointe de la technologie
- Quel avenir pour la reconnaissance faciale en Europe francophone?
Quels peuvent-être les excès de la reconnaissance faciale?
Dans un monde oĂą la technologie progresse Ă pas de gĂ©ant, la reconnaissance faciale s’impose comme un outil de modernitĂ© mais aussi de controverse.
Au cĹ“ur des inquiĂ©tudes, l’intrusion dans l’intimitĂ© des individus se dessine comme le principal excès de la reconnaissance faciale. En scrutant les visages sans consentement explicite, cette technologie peut dresser des profils dĂ©taillĂ©s de la vie privĂ©e des personnes, Ă©rodant ainsi le concept mĂŞme d’anonymat dans l’espace public.
Les images captĂ©es et analysĂ©es alimentent les craintes d’une surveillance de masse, rappelant les dystopies orwelliennes. Les gouvernements et certaines entreprises pourraient ĂŞtre tentĂ©s d’utiliser ces outils pour surveiller, contrĂ´ler et potentiellement rĂ©primer les populations, transformant chaque camĂ©ra en un Ĺ“il scrutateur.
De plus, la technologie n’est pas infaillible. Les erreurs de reconnaissance peuvent mener Ă des accusations injustifiĂ©es, voire Ă des arrestations erronĂ©es, posant des questions de fiabilitĂ©. Les biais algorithmiques peuvent entraĂ®ner une discrimination, particulièrement envers certaines ethnies ou groupes sociaux moins bien reprĂ©sentĂ©s dans les bases de donnĂ©es d’apprentissage.
L’exploitation commerciale des donnĂ©es capturĂ©es par reconnaissance faciale constitue un autre dĂ©bordement. Les informations collectĂ©es peuvent ĂŞtre utilisĂ©es Ă des fins publicitaires ciblĂ©es sans le consentement des individus, brouillant davantage la ligne entre la sphère privĂ©e et l’intĂ©rĂŞt commercial.
Ă€ lire: Comment fonctionne la reconnaissance faciale?Â
L’AI Act instaurĂ© par le Parlement EuropĂ©en
Au cours de l’annĂ©e 2023, le Parlement europĂ©en a intensifiĂ© ses efforts lĂ©gislatifs concernant la technologie de reconnaissance faciale, dans le but de se positionner comme leader mondial dans ce domaine. Initialement, plusieurs factions parlementaires avaient plaidĂ© pour une interdiction totale de son utilisation. NĂ©anmoins, le rĂ©sultat final a adoptĂ© une approche plus nuancĂ©e : la technologie de reconnaissance faciale a Ă©tĂ© autorisĂ©e, mais soumise Ă de strictes restrictions:
- Mai 2023: Les lĂ©gislateurs ont adoptĂ© une version renforcĂ©e du cadre rĂ©glementaire de l’UE sur l‘intelligence artificielle, incluant une proposition d’interdiction totale de l’identification biomĂ©trique Ă distance dans les lieux publics. Cela couvre les techniques assistĂ©es par IA comme la reconnaissance faciale, visant Ă identifier les individus Ă partir d’images ou de vidĂ©os, que ce soit en temps rĂ©el ou a posteriori;
- DĂ©cembre 2023: L’Union europĂ©enne est pionnière dans la rĂ©gulation de l’intelligence artificielle avec son AI Act, suscitant des rĂ©actions partagĂ©es. Certains critiquent cette initiative comme prĂ©maturĂ©e ou une rĂ©gulation pour le principe mĂŞme de rĂ©guler, tandis que d’autres estiment que le texte ne cible pas suffisamment des enjeux cruciaux tels que la reconnaissance faciale, crucial pour les droits individuels.
- Mars 2024: La lĂ©gislation adoptĂ©e en dĂ©cembre 2023 avec 523 voix pour, interdit les applications d’IA nuisant aux droits des citoyens. Cela inclut les systèmes de catĂ©gorisation biomĂ©trique sensibles, la crĂ©ation non spĂ©cifique de bases de donnĂ©es faciales via Internet ou vidĂ©osurveillance, la reconnaissance des Ă©motions au travail et dans l’Ă©ducation, la notation sociale, la police prĂ©dictive basĂ©e sur le profilage, et l’IA influençant le comportement ou exploitant les vulnĂ©rabilitĂ©s.
La France légifère pour des notions de sécurité intérieure
En Europe francophone, la France a commencĂ© Ă se poser des questions sur le sujet et Ă trouver des rĂ©ponses. Le 12 juin 2023, le SĂ©nat a approuvĂ© en première lecture un projet de loi visant Ă restreindre l’emploi des technologies de reconnaissance faciale. Cette initiative lĂ©gislative dĂ©coule d’un rapport sĂ©natorial de 2022 recommandant de rĂ©glementer l’utilisation de la reconnaissance faciale, en y appliquant des restrictions basĂ©es sur trois principes fondamentaux :
- Le principe de subsidiarité, stipulant que son usage doit être réservé aux situations où il est strictement nécessaire.
- Le principe d’une supervision humaine obligatoire, cantonnant la reconnaissance faciale au rĂ´le de support dans le processus dĂ©cisionnel.
- Le principe de transparence, assurant que son utilisation ne se fasse pas sans la connaissance des individus concernés.
D’ailleurs, pour les Jeux Olympiques de 2024, bien que la reconnaissance faciale ne sera pas utilisĂ©e, la France testera la vidĂ©osurveillance algorithmique (VSA), un logiciel similaire qui permet de repĂ©rer « des Ă©vĂ©nements ou comportements jugĂ©s suspects ou Ă risque. »
Pourtant, la reconnaissance faciale est dĂ©jĂ utilisĂ©e sous certaines conditions. Dans le secteur de la sĂ©curitĂ©, la reconnaissance faciale est couramment dĂ©ployĂ©e pour des opĂ©rations de vĂ©rification d’identitĂ© aux frontières, ainsi que dans les aĂ©roports et les gares. Elle s’avère Ă©galement prĂ©cieuse pour les forces de sĂ©curitĂ© dans le cadre de l’identification de suspects suite Ă des actes terroristes, entre autres applications.
Belgique: Alexander De Croo n’y est pas opposĂ©
En mars 2023, l’intĂ©gration de la technologie de reconnaissance faciale aux camĂ©ras de surveillance a Ă©tĂ© observĂ©e.
Actuellement, il n’y a pas de lĂ©gislation spĂ©cifique encadrant l’emploi de cette technologie dans les lieux publics. Cependant, cela n’a pas dissuadĂ© les autoritĂ©s d’utiliser le logiciel Clearview, sujet Ă controverse, lors de tests effectuĂ©s Ă l’aĂ©roport de Bruxelles en octobre 2019.
Par ailleurs, une pĂ©tition a Ă©tĂ© lancĂ©e devant le parlement de Bruxelles. Sous le mot d’ordre « Protect my face » (ProtĂ©gez mon visage), les signataires exigeaient l’interdiction totale de la reconnaissance faciale dans les espaces publics de la ville.
Toutefois, le Premier ministre Alexander De Croo ne s’oppose pas catĂ©goriquement Ă l’emploi de la reconnaissance faciale dans des cas bien dĂ©finis. Il rejette l’idĂ©e d’une sociĂ©tĂ© sous surveillance constante, oĂą chaque dĂ©placement serait traquĂ©. Cependant, il soutient que dans certaines circonstances, les camĂ©ras dotĂ©es de reconnaissance faciale pourraient reprĂ©senter un avantage.

Le premier ministre Alexander De Croo parlant de la reconnaissance faciale
Ă€ lire: Les meilleures conditions pour la reconnaissance facialeÂ
Suisse: Fedpol prĂ©voit d’amĂ©liorer son système de sĂ©curitĂ©
Le gouvernement suisse a suggĂ©rĂ© que l’Office fĂ©dĂ©ral de la police (Fedpol) se dote d’une technologie de reconnaissance faciale pour l’identification de suspects, avec une mise en place prĂ©vue pour 2026 et un budget estimĂ© Ă environ 25 millions de francs. Chaque annĂ©e, Fedpol traite plus de 340’000 requĂŞtes d’identification, ce qui met en Ă©vidence le rĂ´le crucial de cette initiative dans la prĂ©vention de la criminalitĂ©.
Il convient de souligner que cette technologie constituera un outil parmi d’autres dans le cadre de l’identification et ne constituera pas une preuve suffisante pour condamner quelqu’un sans autres Ă©lĂ©ments probants. Fedpol sera limitĂ© dans ses sources d’images, excluant notamment celles issues de documents d’identitĂ© ou des plateformes de rĂ©seaux sociaux, et il ne sera pas question de rĂ©aliser une surveillance en temps rĂ©el grâce Ă des camĂ©ras.
Sous la nouvelle lĂ©gislation suisse de protection des donnĂ©es (nLPD), effective depuis septembre 2023, les informations biomĂ©triques sont reconnues comme Ă©tant des donnĂ©es dĂ©licates du fait de leur capacitĂ© Ă identifier prĂ©cisĂ©ment un individu. Pour le traitement de ces donnĂ©es, aucune approbation automatique n’est accordĂ©e: une justification lĂ©gale spĂ©cifique est requise.
NĂ©anmoins, leur manipulation n’est pas formellement proscrite. Cette rĂ©glementation concerne principalement les entitĂ©s fĂ©dĂ©rales et les entreprises privĂ©es, excluant les autoritĂ©s cantonales de son application.
Luxembourg: L’aĂ©roport national Findel Ă la pointe de la technologie
Le Luxembourg a manifestĂ© un vif intĂ©rĂŞt pour l’intelligence artificielle. Lors du vote sur l’Acte IA, les cinq reprĂ©sentants luxembourgeois prĂ©sents ont tous approuvĂ© la mesure.
DĂ©but 2024, il a Ă©tĂ© annoncĂ© qu’un investissement de 1 million d’euros serait rĂ©alisĂ© Ă l’aĂ©roport de Luxembourg pour l’installation, d’ici l’automne, d’un nouveau système de contrĂ´le d’empreintes digitales et de reconnaissance faciale. Toutefois, ce système ne concernera pas tous les voyageurs. En effet, il est destinĂ© uniquement aux voyageurs non membres de l’Union europĂ©enne qui nĂ©cessitent un visa de court sĂ©jour ou Ă ceux autorisĂ©s Ă sĂ©journer jusqu’Ă 90 jours sur une pĂ©riode de 3 mois en Europe (sans visa obligatoire).
Quel avenir pour la reconnaissance faciale en Europe francophone?
L’avenir de la reconnaissance faciale en Europe reste incertain mais fortement rĂ©glementĂ©. Alors que certains pays, tels que la France et la Belgique, cherchent Ă restreindre son utilisation, d’autres comme la Suisse envisagent de l’adopter avec des restrictions strictes.
L’introduction de l’AI Act par le Parlement europĂ©en indique une volontĂ© de rĂ©guler cette technologie pour protĂ©ger les droits individuels.
Cependant, son avenir dĂ©pendra de l’Ă©quilibre entre les avantages potentiels en termes de sĂ©curitĂ© et de commoditĂ©, et les prĂ©occupations persistantes concernant la vie privĂ©e et les libertĂ©s civiles. Il est probable que des dĂ©bats et des ajustements continus auront lieu pour dĂ©terminer dans quelle mesure la reconnaissance faciale sera intĂ©grĂ©e dans la sociĂ©tĂ© europĂ©enne.

