Le burn-out au grand jour :
Définition, causes et solutions efficaces

Written by Milena Gantana

Le syndrome d’épuisement professionnel est devenu une préoccupation croissante aussi bien pour les travailleurs que pour les employeurs.

Cet article aborde le concept du burn-out, ses principaux symptômes et les stratégies efficaces pour le prévenir.

Nous verrons ce que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a à dire à ce sujet et quels sont les chiffres actuels du burn-out dans différents environnements.

Nous espérons que cet article vous sera utile, en particulier si vous vous reconnaissez dans certains de ces symptômes ou si vous êtes à la tête d’une équipe.

Cet article aborde les sujets suivants :

Syndrome d’épuisement professionnel

Le syndrome d’épuisement professionnel est un état d’épuisement mental ou physique dû à une surcharge de travail, une sensation d’« être brûlé ».

Bien que ce terme nous semble très actuel, c’est en 1974 que le psychiatre Herbert J. Freudenberger l’a utilisé pour la première fois, l’associant à un sentiment d’échec et à une surcharge d’exigences excessives en matière d’énergie, de ressources personnelles ou de force mentale de la part du travailleur.

Les premières recherches sur le syndrome d’épuisement professionnel se concentraient sur le personnel de santé, mais le concept a évolué vers d’autres secteurs.

Au début des années 80, Christina Maslach et Susan E. Jackson ont présenté le Maslach Burnout Inventory (MBI) comme instrument d’évaluation psychologique qui comprenait plus de vingt symptômes liés au syndrome d’épuisement professionnel.

Le rapport de Maslach et Jackson développait le concept du burn-out à partir de trois dimensions distinctes en fonction de ses symptômes :

  • Épuisement émotionnel : fatigue et épuisement physique, psychique ou une combinaison des deux. C’est la sensation de ne plus pouvoir donner davantage de soi-même aux autres.
  • Dépersonnalisation : développement de sentiments, d’attitudes et de réponses négatives, distantes et froides envers d’autres personnes (clients, patients, membres de l’équipe, etc.)
  • Sentiment de faible réussite ou d’épanouissement professionnel et/ou personnel : caractérisé par une perte douloureuse d’enthousiasme et un sentiment d’échec face à l’activité professionnelle. Il en résulte des retards, de l’absentéisme et une tendance à éviter le travail en général.

Aujourd’hui et depuis mai 2019, l’épuisement professionnel fait partie de la Classification statistique internationale des maladies et des problèmes de santé connexes (CIM-11), qui est entrée en vigueur en 2022.

Qu’est-ce que le burn-out, selon l’OMS

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le burn-out est un phénomène professionnel, une réponse au stress chronique au travail qui n’a pas été géré correctement.

Il se caractérise par trois dimensions : un sentiment d’épuisement ou de manque d’énergie, une plus grande distance mentale par rapport au travail. Cela se reflète dans des sentiments de négativisme ou de cynisme liés au travail et par une baisse de l’efficacité sur le plan professionnel.

Selon l’OMS, le terme burn-out fait spécifiquement référence à des phénomènes liés au contexte professionnel et ne devrait pas être appliqué pour décrire des expériences dans d’autres domaines de la vie.

En outre, pour définir le syndrome d’épuisement professionnel, les conditions suivantes doivent être remplies :

  • Il résulte de l’exposition à des facteurs de stress liés au travail.
  • Il a des conséquences sur la santé de la personne en raison de son activité professionnelle.
  • Le travail implique une interaction relationnelle intense et soutenue du travailleur (travailleur-patient, travailleur-utilisateur).

Quelles sont les causes du symptome d’épuisement professionnel

Il n’existe pas de facteur unique déclenchant le syndrome d’épuisement professionnel, mais plutôt une combinaison de facteurs qui, dans certaines circonstances, provoquent un processus d’épuisement au travail.

Bien que le facteur définitif qui déclenche ce syndrome réside dans l’environnement professionnel et les conditions de travail, la gravité du syndrome et son apparition dépendront de plusieurs éléments : le travailleur lui-même, les risques associés au poste de travail et ceux relatifs à l’organisation.

Examinons ces facteurs plus en détail :

  • Facteurs de risque au niveau de l’organisation

Ces facteurs font référence à la structure de l’organisation très hiérarchisée et rigide, au manque de soutien instrumental de la part de l’organisation ou à l’excès de bureaucratie.

Le faible niveau de participation des travailleurs et le manque ou l’absence de formation pratique des travailleurs aux nouvelles technologies ont également une influence négative.

Enfin, le manque de renfort ou de récompense et les relations conflictuelles au sein de l’organisation sont aussi des facteurs aggravants.

  • Facteurs de risque relatifs à la configuration du poste de travail :

La surcharge de travail, le déséquilibre entre responsabilité et autonomie ou le manque de temps pour la prise en charge de l’utilisateur (patient, client, subordonné, etc.) augmentent la tension au travail.

Une charge émotionnelle excessive ou le manque de contrôle sur les résultats de la tâche ont également une influence.

  • Facteurs de risque relatifs aux relations interpersonnelles :

Les relations interpersonnelles ont une influence directe sur le sentiment d’épuisement professionnel des travailleurs concernés. Le traitement avec des utilisateurs ou des clients difficiles, les relations tendues, compétitives, conflictuelles entre collègues ou le manque de soutien social et de collaboration sont déterminants.

  • Caractéristiques personnelles :

Certaines caractéristiques personnelles peuvent avoir une influence, notamment le degré d’altruisme, d’idéalisme, d’empathie ou la tendance à s’impliquer émotionnellement de manière excessive.

Une forte tendance au perfectionnisme, une faible estime de soi ou un manque de compétences sociales peuvent également avoir une influence.

Travailleuse paraissant débordée devant son écran d'ordinateur

Symptômes du syndrome d’épuisement professionnel et comment le reconnaître

Plusieurs signaux d’alarme peuvent nous aider à détecter l’existence éventuelle d’un syndrome d’épuisement professionnel. Les signaux ou symptômes se manifestent de manière bilatérale, tant chez le travailleur que dans l’organisation ou l’entreprise elle-même.

Symptômes du syndrome d’épuisement professionnel chez le travailleur

Les principales manifestations d’épuisement professionnel chez le travailleur englobent des aspects psychosomatiques, émotionnels et qui nuisent en général à ses relations personnelles. Voici quelques-uns des symptômes les plus importants :

  • Symptômes psychosomatiques : fatigue, épuisement, malaise général, fatigue chronique. Troubles fonctionnels des systèmes cardiovasculaire, respiratoire, digestif, nerveux, reproducteur, etc. Certains symptômes plus visibles peuvent être des maux de tête, des troubles du sommeil, des troubles gastro-intestinaux, une perte de poids, des douleurs musculaires, de l’hypertension.
  • Symptômes comportementaux : absentéisme au travail, abus de barbituriques, de substances stimulantes et autres telles que le café, le tabac ou l’alcool. Changements d’humeur brusques, incapacité à se concentrer, états de tension soutenue sans capacité à se détendre. Comportements à haut risque, augmentation des conduites hyperactives. Conduites agressives.
  • Symptômes émotionnels : épuisement émotionnel, tristesse, détachement affectif comme moyen d’autoprotection. Sentiment de culpabilité, anxiété. Faible tolérance à la frustration, irritabilité. Sensation récurrente de solitude, d’aliénation, d’impuissance. Sentiments de désorientation et dépressifs.
  • Symptômes comportementaux : attitude de méfiance, apathie, cynisme et ironie envers les clients de l’organisation. Attitude hostile, suspicion et peu de verbalisation lors des interactions.
  • Relations interpersonnelles : attitude négative envers la vie en général, diminution de la qualité de vie personnelle. Augmentation des conflits familiaux, de couple et au sein du cercle d’amis en dehors du cadre professionnel. Toute cette détérioration des relations personnelles du travailleur, peut le conduire à l’isolement.

Symptômes du syndrome d’épuisement professionnel pour l’organisation

De son côté, l’organisation présente également des signes qui témoignent de la présence de burn-out. Les chefs d’équipe, les responsables ou les propres collègues de travail peuvent percevoir l’apparition de cet état d’épuisement.

Voici quelques-uns des symptômes les plus fréquents qui peuvent être observés :

  • Détérioration de la communication et des relations interpersonnelles.
  • Diminution de la capacité de travail, du rendement et de l’efficacité.
  • Diminution de l’engagement, augmentation de l’absentéisme, abandon.
  • Apparition d’une démotivation notable.

En outre, la qualité des services fournis aux clients pourrait être affectée. Des sentiments de désespoir et d’indifférence à l’égard du travail apparaissent, souvent accompagnés d’une augmentation des plaintes de la part des clients ou des utilisateurs.

Épuisement professionnel et télétravail

Bien que ce syndrome se soit développé initialement dans le secteur de la santé, principalement chez les médecins et les infirmières, nous allons nous intéresser ici au lien entre le burn-out et le télétravail.

Ces dernières années, avec l’augmentation du travail à distance, le nombre de personnes travaillant depuis chez elles et touchées par le burn-out ont explosé. Voici quelques statistiques à prendre en compte :

  • En 2023, 44 % des télétravailleurs ont déclaré se sentir épuisés dans leur travail. Selon une étude du cabinet de conseil Buffer, avant la pandémie, seulement 23 % des employés à distance expérimentaient ce syndrome.
  • Selon le même rapport, 22 % des travailleurs à distance ont déclaré qu’il n’est pas facile pour eux de se déconnecter du travail après la fin de leur journée.
  • Une étude de Microsoft a révélé que 54 % des télétravailleurs estiment que leurs employeurs ne leur apportent pas le soutien nécessaire. D’un autre côté, selon ce rapport, les réunions virtuelles ont augmenté de 148 % depuis le début de la pandémie.

Si vous souhaitez approfondir ce sujet, jetez un coup d’œil à ces recommandations : 6 façons de mieux manager une équipe hydride.

Comment prévenir l’épuisement professionnel et intervenir à temps

Il est beaucoup plus facile de faire face au syndrome d’épuisement professionnel s’il est traité à ses débuts. Comme l’explique la psychologue Alejandra Apiquian Guitart, dans son rapport Le syndrome d’épuisement professionnel dans les entreprises, il est non seulement important de le détecter tôt, mais aussi de mettre en place des stratégies de prévention.

Selon Apiquian, dans les premières phases, il est possible que le sujet lui-même ne soit pas conscient de sa situation. À ce stade précoce, ce seront les amis, les collègues de l’équipe ou les supérieurs qui remarqueront les symptômes. Ils joueront donc un rôle fondamental dans la détection du syndrome.

Voici quelques-unes des alternatives pour prévenir le syndrome, présentées lors du troisième congrès des écoles de psychologie des universités du réseau Anáhuac Mérida :

  • Fournir des informations sur le syndrome d’épuisement professionnel, ses symptômes et ses conséquences.
  • Observer les conditions de l’environnement de travail en encourageant le travail d’équipe.
  • Concevoir et mettre en œuvre des ateliers sur le leadership, les compétences sociales, etc. pour les dirigeants d’entreprises et d’organisations.
  • Mettre en place des cours d’introduction et d’adaptation au poste.

D’autre part, il faut tenir compte du fait que ce syndrome affecte de nombreux aspects de la vie du travailleur, au-delà du domaine professionnel. En ce sens, les interventions devront couvrir au moins trois niveaux importants :

  • Stratégies au niveau individuel : stratégies qui favorisent l’acquisition de certaines techniques visant à améliorer l’adaptation de l’individu aux sources de stress au travail. Ces techniques peuvent être classées comme suit :
    • Techniques physiologiques : elles aident à réduire le malaise émotionnel et physique provoqué par les sources de stress professionnel. Exemple : relaxation physique, contrôle de la respiration, biofeedback.
    • Techniques comportementales : elles visent à doter l’individu de compétences pour faire face aux problèmes professionnels. Exemple : affirmation de soi, formation aux compétences sociales, techniques de résolution de problèmes et de self-control.
    • Techniques cognitives : elles cherchent à améliorer la perception et l’interprétation des problèmes professionnels et des ressources personnelles par le travailleur. Exemple : la restructuration cognitive et la thérapie rationnelle-émotive.
  • Stratégies au niveau du groupe : ces stratégies sont destinées à renforcer les capacités sociales et de soutien des équipes de travail. Leur objectif est de briser l’isolement et d’améliorer les processus de socialisation.

Pour ce faire, elles encouragent les politiques de travail coopératif, l’intégration d’équipes multidisciplinaires et les réunions de groupe.

Le soutien social atténue les effets néfastes des sources de stress professionnel et augmente la capacité de l’individu à y faire face.

  • Stratégies au niveau organisationnel : il s’agit d’un ensemble de stratégies visant à réduire les situations génératrices de stress au travail. Voici quelques possibilités, notamment :
    • Modifier l’environnement physique
    • Modifier la structure organisationnelle
    • Modifier les rôles de chaque poste
    • Modifier la politique des ressources humaines
    • Modifier tout autre facteur susceptible d’avoir une influence

L’objectif ici est d’obtenir une structure plus horizontale, où la prise de décision n’est pas entièrement centralisée et ainsi offrir une plus grande autonomie, une flexibilité horaire, des salaires plus compétitifs et de meilleures perspectives de carrière aux employés.

Réflexions finales

Le syndrome d’épuisement professionnel est un problème croissant qui touche des millions de travailleurs dans le monde entier. Comprendre ses causes est essentiel pour en prévenir les effets.

Reconnaître les symptômes à temps (fatigue extrême, démotivation et baisse de rendement) permet aux travailleurs et aux entreprises de prendre des mesures à l’avance. Il est important d’intervenir avant que l’épuisement n’affecte la santé et le bien-être des travailleurs.

À l’ère du télétravail, les stratégies de prévention et de gestion du burn-out sont plus importantes que jamais. Les employés comme les entreprises doivent encourager un équilibre sain entre vie personnelle et vie professionnelle, établir des limites claires et promouvoir un environnement favorable.